Par Quentin De Valroger
Il est certain que la deuxième ville d’Australie n’a jamais été perçue comme une grande capitale musicale à la mesure du potentiel créatif et de l’explosion de nouveaux styles entre ses murs depuis la fin des années soixante-dix. La production musicale dans cette ville se caractérise assurément par sa touche expérimental et avant-gardiste, et ce quel que soit les genres musicaux concernés, en témoigne par exemple la Little Band Scene ( une mouvance post-punk qui apparaît là alors qu’en Europe des noms comme Kraftwerk ou New order commencent déjà à habituer le public à ces nouvelles mélodies synthétisées).
Quartier Fitzroy
Ce fut tout bonnement une explosion, courte et intense ; pendant quelques années les quartiers périphériques de Fitzroy et St Kilda virent des dizaines de groupes naître et peupler les nombreux bars et les trottoirs de ces larges avenues de style colonial. C’est également dans cette cité lointaine qu’une nouvelle génération de musiciens surdoués, dont l’étoile montante Allysha Joy, jouent librement avec les codes du jazz, en mêlant la note bleue au p-funk, à la soul, au Hip Hop et tant d’autres (cf la compilation du label Brownswood).
Use No Hooks ; groupe de Post Punk et pionniers de la Little Band Scene.
Bref: si cette ville sait se faire remarquer périodiquement pour la qualité de sa musique, c’est parce que celle-ci est depuis 50 ans un laboratoire en pleine ébullition, bourdonnant de nouvelles associations de styles et de créations originales qui parfois savent séduire les grands publics européens et nord-américains. Le boom de la scène minimal et micro aujourd’hui en est un cas d’école. Melbourne est le théâtre de la création d’un style original mêlant micro breakée, wet et dry percussions et explosion mélodique rappelant la trans à ses débuts. Et oui il n’est pas exagéré de parler ici d’un boom, la preuve en est le succès de Katie Campbell aka Roza Terenzi, figure de proue de cette école que le public avait le plaisir de retrouver dans la programmation du Dekmantel 2020 et 2021.
Roza Terenzi et D Tiffany, les inséparables rookies de Melbourne (de gauche à droite).
Roza, exemple typique de la création artistique à Melbourne, commence comme chanteuse pop dans les bars des quartiers sud avant de donner un peu de repos à sa voix et de se focaliser sur la production. Après quelques EP très bien reçus par la scène de Melbourne, elle se lance véritablement avec Mood en 2017 publié par Salt mines. Son dernier projet Modern Bliss en 2020 publié par le label Planet Euphorique de son amie D Tiffany vient couronner son audace, sa prise de risque artistique et surtout son talent de génie pour le sound design. A quand sur Lille très chère Katie ????
A écouter pour se faire une idée : Roza Terenzi – That Track (Modern Bliss EP)
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