Par Vincent Buvat
Dans les années 80, la courant de la musique électronique prend de l’ampleur avec la techno venue tout droit de Detroit. En 1987, Laurent Garnier a alors 20 ans et travaille dans un restaurant à Manchester. Féru de musique électro, il enregistre tous ses mix sur des cassettes dont l’une finira dans les mains du patron de l’Hacienda, une boîte de nuit à Manchester. Une nouvelle soirée est lancée et Laurent Garnier est invité à y mixer sous le pseudonyme « DJ Pedro ». Ensuite, tout s’enchaîne avec l’éclosion de l’acidhouse et l’arrivée de l’ecstasy dans les clubs. En 5 mois, l’Hacienda s’est totalement tournée vers cet univers et est devenue le berceau des soirées électroniques. L’Angleterre bascule dans l’électro et les raves se répandent.
Laurent Garnier à l’Hacienda en 1987
Témoin et acteur de ce développement, Laurent Garnier revient en France avec l’idée d’importer le mouvement. Mais la France est plus fermée, a une vision dégradée de ce courant musical, voyant cela comme du simple « bruit », et principalement destiné aux homosexuels ou aux drogués. Laurent Garnier contribue à changer cette image, en allant s’exprimer dans les radios françaises ou encore en gagnant une victoire de la musique en 1998 à laquelle il dira lors de sa remise de récompense : « J'espère simplement que cette Victoire permettra à la techno de s'exprimer plus librement sans subir l'incompréhension et la répression rencontrée ces dernières années, merci beaucoup ».
Discours de Laurent Garnier aux victoires de la musique 1998 (timer : 3 min 13)
Cette victoire de la musique, Laurent Garnier ne la doit qu’à lui-même. Dans les années 90, de retour en France, il anime des soirées house et techno au Rex Club à Paris avec parfois des grands noms de la techno venus tout droit de Detroit. En 1994, il crée son label F Communications et sort son premier album « Shot in the dark » en octobre de la même année. Il enchaîne ensuite les albums dans les années 2000, avec « My excess luggage » en 2004, « The cloud making Machine » en 2005 et « Tales of a Kleptomaniac » en 2009. La passion qui l’anime, ainsi que sa longévité en font un DJ reconnu et respecté dans le milieu, encore aujourd’hui.
En 2003, Laurent Garnier sort l’ouvrage, « Electrochoc », co-écrit avec le journaliste David Brun-Lambert, dans lequel il raconte l’essor de la musique électro au travers de sa riche carrière liée au mouvement. Le livre contient beaucoup d’anecdotes que tout amateur de techno saura apprécier. L’ouvrage est complété en 2013, et adapté au cinéma en 2015. Ce n’est pas un documentaire sur la techno, mais plutôt une fiction sur le parcours d’un jeune DJ (qui n’est pas forcément Laurent Garnier). On ne peut que vous recommander le livre, et pourquoi pas le film, si vous souhaitez en savoir plus sur la vie de Laurent Garnier et l’essor du genre musical.
Electrochoc, le livre de Laurent Garnier
En 2019, Laurent Garnier annonce la création d’un documentaire, intitulé « Laurent Garnier, Off the records » retraçant sa carrière. Gabin Rivoire, le réalisateur, explique qu’il a été attiré par le parcours de Garnier d’abord parce qu’il constituait le fil rouge idéal pour raconter l’histoire de la techno. Les fonds ont rapidement été réunis grâce à la plateforme Kickstarter, et le documentaire est sorti en avant-première digitale le 20 juin dernier. La sortie en salle, elle, est pour bientôt. Et on a hâte.
Pour finir, un morceau de Laurent Garnier qui marquera à jamais l’histoire et qui mérite toute l’attention des amateurs de techno.
Laurent Garnier - Crispy Bacon (1997)
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